Philosophe Alain

Le site de référence sur le philosophe français Emile Chartier, dit Alain (1868-1951), par l’Association des Amis d’Alain, fondée par ses proches après sa mort.

Le site de référence sur le philosophe français Emile Chartier, dit Alain (1868-1951), par l’Association des Amis d’Alain, fondée par ses proches après sa mort.

Propos sur l'esthétique

Introduction : C’est en faisant la guerre qu’Alain développe une pensée de l’art, qui, avant 1914 n’est qu’embryonnaire. Si ses propres goûts le portent vers les œuvres classiques, il analyse, parfois avec un luxe de détails techniques, la présence et la signification de l’art dans les vies humaines. En ce sens, Alain est un héritier direct de l’antiquité, qui ne pouvait séparer le bien, le vrai, du beau.

Pourquoi un chat mouillé est-il laid ?

On demande quelquefois ce que c’est que la beauté d’un chien, d’un cheval, d’un homme. Et l’on voudrait répondre que c’est la coutume qui règle ici nos jugements ; mais il suffit d’un chat bien léché pour effacer cette faible réponse. Un chat mouillé est laid ; c’est que la

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Visages

Il y a un genre d’expression qui se jette au visage de tous. Comme ces bavards qui ne peuvent se retenir de parler, ainsi il y a des yeux, des nez, des bouches qui ne peuvent se retenir d’exprimer. On voit des personnages impé­rieux, menaçants, décidés ou mélancoliques, ou méprisants,

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Du style

Je vois dans les Mémoires de Tolstoï qu’à vingt ans il connaissait déjà les deux choses qui importent pour la formation de l’esprit, c’est-à-dire un emploi du temps et un cahier. Les idées viendront ensuite, dit-il. L’action d’écrire me paraît la plus favorable de toutes pour régler nos folles pensées

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Poètes

C’est une belle amitié que celle de Gœthe et de Schiller, que l’on voit dans leurs lettres. Chacun donne à l’autre le seul secours qu’une nature puisse attendre d’une autre, qui est que l’autre la confirme et lui demande seulement de rester soi. C’est peu de prendre les êtres comme

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Hamlet

Si Hamlet nous tombait du ciel tout nu, sans le long cortège des admira­teurs, les critiques s’en moqueraient, non sans apparence de raison. Il ne se trouverait peut-être pas un homme de goût pour prendre l’œuvre comme elle est. Chacun s’est formé une idée du beau, d’après un grand nombre

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Artisans

Je suppose que Shakespeare était dans son théâtre comme un menuisier dans son atelier, qui cherche dans les bois qu’il a en réserve une planche convenable, qui fabrique des tables, des armoires et des coffres selon le goût du public, et même sur commande, et qui orne librement toutes ces

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Le Potier

Le grand secret des arts, et aussi le plus caché, c’est que l’homme n’invente qu’autant qu’il fait et qu’autant qu’il perçoit ce qu’il fait. Par exemple, le potier invente quand il fait ; et ce qui lui apparaît plaisant dans ce qu’il fait, il le continue. Le chanteur aussi. Et celui

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Musique

On dit souvent que Chopin a célébré, dans ses Polonaises ou ses Valses, les malheurs de sa patrie ou les tourments de son propre cœur. Mais le musicien échappe à ces jugements littéraires par cette modestie en action qui est l’âme de la musique. Là-dessus, vous pensez peut-être à quelque

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Le Romanesque

Ce qui fait le Roman et ce qui le tient debout, c’est sans doute ce passage d’enfance à maturité, qui est comme l’histoire intime de tous nos sentiments et de toutes nos pensées. Comme on voit bien en Tolstoï, maître du genre par ce désaccord entre le tumulte de l’attente

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Matière et forme

Le ciment armé ne donne rien de beau ; ce n’est qu’un plâtre durable. Pourtant, si, quelque matière obéit à l’idée, c’est bien celle-là. Un palais peut exister d’abord en idée, puis en dessins et plans sur le papier ; des dessins et plans on passera au moule en creux ; on

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L’école du jugement

L’homme n’a guère de jugement, mais l’Humanité montre un jugement infaillible. Qui va aux Salons, il est perdu ; qui va aux Musées, il est guéri. Rien n’est plus plaisant que l’espèce d’égarement qui saisit les hommes de goût dès qu’ils se font Critiques. Car il est vrai que la masse

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L’immobile

L’art exprime la puissance humaine par l’immobile. Il n’y a point de meilleur signe de la force d’âme que l’immobile, dès que l’on y reconnaît la pensée. Au contraire, dans n’importe quel genre d’agitation il y a de l’ambi­guïté ; comme dans un cheval au galop ; on ne sait dire si

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De la métaphore

La Métaphore est plus ancienne que la comparaison. On pourrait penser le contraire à la première réflexion, en voulant considérer Homère et ses compa­raisons célèbres comme situés à l’origine de l’histoire humaine ; les métapho­res seraient des comparaisons abrégées, comme si quelqu’un écrit : « Le torrent de l’éloquence», au lieu de développer

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