Philosophe Alain

Le site de référence sur le philosophe français Emile Chartier, dit Alain (1868-1951), par l’Association des Amis d’Alain, fondée par ses proches après sa mort.

Le site de référence sur le philosophe français Emile Chartier, dit Alain (1868-1951), par l’Association des Amis d’Alain, fondée par ses proches après sa mort.

PASCAL Georges, « De quelques malentendus concernant Alain et la dernière guerre »

Pour citer cet article : Pascal Georges, « De quelques malentendus concernant Alain et la dernière guerre », Bulletin de l’Association des Amis d’Alain, 2000, no 90, p. 11‑18.

 

 

 

 

 

 

L’ignorance ou la malveillance ont parfois conduit, ces dernières années, à présenter Alain sous un jour peu sympathique : défaitiste, pétainiste, collaborationniste, antisémite, etc. sont des épithètes qu’on a trop souvent osé accoler à son nom. Le paradoxe est que ce soit un Ami d’Alain, le regretté André Sernin, qui soit d’une certaine manière à l’origine de ces calomnies. Quelques citations extraites de son livre, Alain, un sage dans la cité, ont pu donner lieu, en effet, à de fâcheuses interprétations, volontaires ou non. Des historiens, des philosophes, des conférenciers, des journalistes ont fini par donner consistance à une image d’Alain dans laquelle ses Amis ne le reconnaissent pas, mais qui ne pouvait manquer de troubler ceux qui le connaissent moins bien. C’est pourquoi il nous a paru nécessaire de procéder à une mise au point, bien qu’elle semblât inutile ou peu opportune aux yeux de certains d’entre nous. Précisons d’ailleurs que cette mise au point est faite au nom de son signataire, et non de l’Association.

Le texte le plus souvent incriminé est le suivant : « J’espère, écrit Alain, que l’Allemand vaincra ; car il ne faut pas que le genre de Gaulle l’emporte chez nous. Il est remarquable que la guerre revient à une guerre juive, c’est-à-dire à une guerre qui aura des milliards et aussi des Judas Maccabées. Qui peut savoir ? ». C’est ce texte que cite, par exemple, Marc Ferro, historien de grande notoriété, à la page 123 de son Pétain. Et on comprend mal que l’auteur ait pu faire une telle citation sans en indiquer ni l’origine ni la date. Il est clair, en effet, que si Alain avait tenu ces propos dans une publication française de 1941 ou de 1942, il n’y aurait pas de malentendu possible sur son attitude. Mais ce texte est extrait d’un Journal, inédit, et daté du 23 juillet 1940.

Alain a tenu, à partir de la fin de l’année 1937, un Journal qui n’était pas, en principe, destiné à la publication ; seuls quelques intimes en ont peut-être eu connaissance avant sa mort. Les réflexions qu’il faisait pour lui-même n’ont donc pu exercer une influence quelconque sur d’éventuels lecteurs. Et il n’existe pas un seul texte signé et publié par Alain qui encourage, approuve, ou seulement excuse, les collaborateurs et les antisémites. Il existe, au contraire des écrits très clairs dans lesquels il condamne le principe même de la collaboration avec l’ennemi vainqueur et l’on sait que, malgré sa piété envers son maître Jules Lagneau, il n’avait jamais pu approuver « son fort préjugé contre les Juifs » (S.J.L., in P.S., p 724). Ce simple rappel devrait suffire à mettre en garde contre une interprétation hâtive d’un texte extrait du Journal. Et notre intention, ici, est seulement de rappeler ce que fut la pensée d’Alain, telle qu’il a voulu la faire connaître, et de montrer qu’elle est incompatible avec cette interprétation.

Mais il faut d’abord regarder de près la date de ce texte. C’est le 23 juillet 1940. En avril, mai et juin, les troupes allemandes ont occupé le Danemark, la Norvège, la Belgique, les Pays-Bas et une moitié de la France ; quand l’armistice est signé, le 22 juin, près de deux millions de soldats français sont prisonniers des Allemands. Le conflit oppose désormais la seule Grande-Bretagne (avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande…) à l’Allemagne et à l’Italie : l’Irlande même est neutre ; ni le Canada, ni les États-Unis ne sont entrés dans la guerre ; l’Union soviétique a profité du pacte de non-agression qu’elle a conclu avec l’Allemagne l’année précédente pour annexer une partie de la Pologne et occuper les États Baltes. La victoire militaire de l’Allemagne ne fait guère de doute et l’on s’attend à une invasion, ou au moins à une tentative d’invasion de l’Angleterre. Rappelons aussi qu’au début du mois de juillet, à Mers-el-Kébir, la Royal Navy a attaqué l’escadre de l’amiral Gensoul, faisant 1300 morts chez les marins français, et qu’on n’a pas été très loin d’une déclaration de guerre à l’Angleterre.

C’est dans ce contexte qu’Alain se dit qu’une victoire des Allemands serait préférable à la poursuite des combats à laquelle convie le général de Gaulle. Il est fidèle en cela à sa conviction que la paix est le premier bien et que « la guerre entre nations civilisées » engendre plus de maux qu’elle ne résout de problèmes. On peut ne pas partager celle conviction, et c’est le cas, sans doute, de nombreux Amis d’Alain. Ce fut le cas, d’ailleurs, dans ce conflit, de certains de ses admirateurs les plus sincères, tels que Simone Weil, Jean Prévost, Georges Canguilhem ou Maurice Schumann, qui répondirent à l’appel du général de Gaulle. On peut aussi juger qu’Alain a eu tort de considérer l’Allemagne d’Hitler comme une « nation civilisée » et qu’il a sous-estimé le danger que représentait le nazisme. On pourrait même lui reprocher de n’avoir pas prévu que l’invasion de l’Angleterre par l’Allemagne n’aurait pas lieu, que l’U.R.S.S. entrerait dans la guerre en juin 1941 et qu’en décembre le conflit s’élargirait aux États-Unis et au Japon. Tout cela peut être soutenu de bonne foi et discuté avec sérieux. Mais on n’a pas le droit de donner à croire que lorsque, méditant dans la solitude, sur son fauteuil roulant, Alain se dit à lui-même, le 23 juillet 1940, qu’il espère que l’Allemand vaincra, cela ait le même sens et la même portée que lorsque Laval, Président du Conseil, déclare publiquement, le 22 juillet 1942, qu’il souhaite la victoire de l’Allemagne : Laval, en 1942, souhaite le triomphe du national-socialisme sur le bolchevisme ; Alain, en 1940, espérait seulement une fin rapide de la guerre.

On ne devrait pas non plus, quand on met ainsi Alain en cause, laisser oublier qu’il avait été un ardent Dreyfusard et que « l’Affaire » restait pour lui un terme de référence essentiel ; ni qu’il s’était porté volontaire, à 46 ans, pour faire une guerre qu’il n’approuvait pas, mais qu’il fit assez consciencieusement, si l’on peut dire, pour être décoré, le 16 avril 1917, de la Croix de guerre avec citation à l’ordre de l’armée ; ni qu’il était le co-président fondateur, avec Langevin et Rivet, en mars 1936, du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Là encore, ces simples rappels auraient suffi à rendre douteuse l’image d’Alain suggérée par quatre lignes de Journal auxquelles on a fait un sort.

Qu’a voulu dire exactement Alain en parlant, en juillet 1940, d’une guerre juive qui aura des milliards et aussi des Judas Maccabées ? Cela n’est évidemment pas clair ; il est vraisemblable qu’Alain aurait exprimé sa pensée de façon plus précise dans un texte écrit en vue d’une publication. Une interprétation, en tout cas, doit être écartée : l’expression « guerre juive » ne peut pas avoir, sous la plume d’Alain, le sens que lui donne la propagande antisémite quand elle parle d’une guerre « judéo-maçonnique » ou « judéo-capitaliste ». Pour une raison historique d’abord : en juillet 1940, on ne voit guère dans Churchill ou dans de Gaulle des agents de « la finance juive internationale ». Mais aussi pour deux raisons qui tiennent à la philosophie même d’Alain : la première, c’est qu’Alain a toujours soutenu qu’ « il n’est point de l’essence de l’économique de faire la guerre » (Mars, édition de 1936, chap. XXVIII) et que « ce sont les passions, et non les intérêts, qui mènent le monde » (Ibid. chap. XXXVI), ce qui signifie que, même en prêtant aux Juifs une puissance économique et financière considérable, ce n’est pas de ce côté qu’il faudrait chercher les vraies causes de la guerre ; la seconde, c’est qu’à ses yeux, le peuple juif n’est pas le peuple de l’argent (comme il l’est aux yeux des antisémites), si ce n’est par accident (en raison de circonstances historiques), mais qu’il est essentiellement le « peuple de l’esprit », comme disait Hegel (SE, LXXXIV, 10 juin 1933).

C’est d’ailleurs à partir de là qu’on peut comprendre en quel sens lui-même s’accusait d’antisémitisme. Il écrivait, en effet, dans son Journal, le 28 janvier 1938 : « Je voudrais bien, pour ma part, être débarrassé de l’antisémitisme, mais je n’y arrive point, ainsi je me trouve avec des amis que je n’aime guère, par exemple Léon Blum ». Il est bien évident que ce qu’il appelle ici antisémitisme est tout à fait autre chose que la « doctrine ou attitude systématique de ceux qui sont hostiles aux Juifs et proposent contre eux des mesures discriminatoires » (définition du mot antisémitisme dans le Grand Dictionnaire Larousse). Certes, il se reproche encore, en 1940 (Journal, 2 août) d’avoir usé, à l’École Normale, d’ « interpellations ordinaires (Sale Juif !) » qui scandalisaient certains de ses camarades, mais cet emploi irréfléchi d’expressions alors en vogue, ne l’empêche pas de compter Léon Blum parmi ses amis et d’écrire à Élie Halévy, en 1908, qu’on ne se relit pas quand on écrit à « l’ami vrai ». En fait, Alain constate seulement qu’il éprouve une sorte d’antipathie instinctive à l’égard des Juifs (d’où l’étonnant paradoxe : « des amis que je n’aime guère »), et il s’en explique en donnant des raisons qui expriment sans doute quelque crainte, mais ne relèvent certainement d’aucun mépris : c’est que, pour le peuple de l’esprit, « l’homme n’est rien devant l’Éternel » (D., in A.D., p. 1324). Abraham menant son fils au sacrifice ou Job sur son fumier, témoignent, à ses yeux, d’une vision désespérée de la condition humaine (Cf. P.R., LXV, 9 février 1924). De même, il regrette que Lagneau et Valéry aient été antisémites, mais il estime qu’ils l’ont été « généreusement » parce qu’ils étaient « ennemis de cette insolence hébraïque qui ose louer Dieu » (Humanités, édition de 1960, chap. X). Et quand il fait allusion à « la puissance de réussir, si commune chez les Juifs » (ce qui explique qu’il lui arrive – mais seulement dans son Journal – de reprendre le lieu commun de la puissance financière juive), il y voit l’effet « d’une opinion métaphysique selon laquelle on n’est pas au monde pour s’amuser » (Min., LXXX, 18 juin 1931 ; cf. E.H. , LII, 13 septembre 1924). Ce qui l’effraie dans la Bible, c’est le tragique et le sublime, qui composent une atmosphère irrespirable pour un fils de Voltaire (Cf. P.R., LXV, 9 février 1924 ; S.E., LXXXV, 5 novembre 1927, etc.). On comprend que cet « antisémitisme » d’Alain n’ait choqué ni Léon Brunschvicg, ni Léon Blum, ni Élie Halévy, ses camarades d’École, ni André Maurois, ni Simone Weil, ni Michel Alexandre, ni Raymond Aron, ni Claude et Florence Khodoss, qui furent ses élèves ou ses disciples, ni, semble-t-il, aucun des Juifs qui l’ont connu.

La guerre juive, c’est le titre souvent donné à l’ « Histoire de la guerre des Juifs contre les Romains » publiée par Flavius Josèphe vers 75 ap. J.C., et dont le livre I raconte la révolte des Juifs contre l’oppression hellénistique et la persécution dont ils étaient victimes depuis 167, Antiochus IV, roi de Syrie de 175 à164, ayant pillé le Temple de Jérusalem, avant de le dédier à Zeus Olympien, et aboli le culte juif. Le principal chef de cette révolte, qui assura près d’un siècle de relative indépendance à la Judée, fut, de 166 à 160, Judas Maccabée, mort au combat, dont les livres I et II des Maccabées célèbrent la gloire et les exploits. En disant, en 1940, que la guerre « revient à une guerre juive [..] qui aura des milliards et aussi des Judas Maccabées », Alain n’évoque donc point quelque entreprise de conquête des Juifs, mais leur résistance à l’oppression, dont Judas Maccabée est le symbole. Car, en 1940, c’est Hitler qui persécutait les Juifs et la « solution finale » qu’il envisagera en 1941 ou 1942 n’est pas sans rappeler l’ordre qu’avait donné Antiochus IV à son lieutenant Lysias « d’envoyer contre les Juifs une armée pour extirper et détruire les forces d’Israël et ce qui restait de Jérusalem, effacer leur souvenir de ce lieu, établir des fils d’étrangers sur tout leur territoire et distribuer leur pays en lots » (I Maccabées, 3, 35-37. Voir aussi II Maccabées, 8, 8, où il est dit que le roi de Syrie envoya Nikanor « à la tête d’au moins vingt mille hommes de diverses nations, pour qu’il exterminât la race entière des Juifs »). Et c’est parce qu’il ne doute pas de la détermination de tous les Juifs du monde à soutenir la lutte contre Hitler, qu’Alain dit que cette guerre aura des milliards.

Ce qui est déconcertant, dans le texte d’Alain, c’est qu’il dise espérer que l’Allemagne vaincra, tout en évoquant le nom de Judas Maccabée, symbole de la résistance des Juifs contre leurs persécuteurs. Sans doute était-il perturbé par la contradiction qu’il y avait entre son désir de voir la guerre se terminer au plus vite et sa condamnation des violences hitlériennes. Car, d’une part, il est vrai qu’il craint « le genre de Gaulle », qui appelle à la poursuite des combats, mais, d’autre part, il n’en écrit pas moins quelques jours plus tard : « la violence hitlérienne m’a toujours révolté » (Journal, 2 août 1940). Tout se passe comme s’il n’avait pas réalisé que la victoire de l’Allemagne, c’était aussi la victoire du nazisme, avec toutes ses conséquences, que l’on ne pouvait d’ailleurs guère prévoir alors. Car il est hors de doute qu’Alain n’aurait pas dit espérer la victoire, même provisoire, de l’Allemagne s’il avait pu imaginer qu’elle signifierait persécutions, déportations, camps de concentration et génocides. Mais qui pouvait imaginer cela en juillet 1940 ? De Gaulle et ceux qui l’ont suivi ne prétendaient pas, à l’époque, lutter contre la barbarie nazie, mais seulement contre l’envahisseur, et pour l’honneur et la souveraineté de la France. C’est le patriotisme, et non l’antifascisme, qui a inspiré les premiers résistants. L’attitude d’Alain à ce moment-là, comme lors des accords de Munich, pose donc un problème qui ne concerne ni le racisme ni le fascisme (sur lesquels Alain a écrit assez de textes explicites pour qu’on n’en soit pas réduit à chercher sa pensée dans quelques lignes d’un Journal), mais le patriotisme et le pacifisme. Sur le patriotisme, nous nous permettrons de renvoyer à notre Bulletin N° 80 (Alain et l’idée de patrie). Le problème du pacifisme a été souvent évoqué dans nos Bulletins (numéros 11, 51, 71, 79) ; soulignons néanmoins quelques aspects majeurs de la position d’Alain :

1) La guerre est toujours un mal en soi. Il ne peut y avoir de guerre « humaine », parce que, dans toute guerre, on cherche à faire souffrir et périr son semblable.

2°) La guerre, c’est-à-dire la force, ne peut résoudre un problème de droit. Si deux adversaires ne parviennent pas à se mettre d’accord et se font la guerre, la victoire du plus fort ne prouvera pas que le droit était de son côté.

3°) Il faut distinguer les opérations de police, dans lesquelles le droit n’est pas en cause, des guerres, dans lesquelles chaque partie combat pour ce qu’elle croit être son droit.

4°) En faisant paraître sa force aux yeux de ceux qui pourraient commettre un délit ou un crime, il est possible que la police exerce une action dissuasive ; mais quand une nation veut montrer sa force pour décourager un adversaire, elle ne peut que rendre plus difficiles les discussions sur le droit et plus vives les passions belliqueuses.

5°) L’honneur étant le ressort des guerres, tous les discours et tous les actes qui peuvent humilier ou énerver un adversaire éventuel sont dangereux et condamnables.

6°) C’est d’abord dans son cœur et dans son esprit que l’homme doit faire la paix, en se rappelant qu’en dépit des différences apparentes, la nature humaine est partout la même.

7°) Le pacifisme consiste donc à dire qu’il faut tout faire pour régler les problèmes de droit par la négociation et à considérer que la guerre ne doit jamais être envisagée comme une solution. Il juge que sont particulièrement lâches et méprisables ceux qui poussent à la guerre et qui, en raison de leur âge ou de leur situation, ne la feraient pas.

8°) Quand la guerre éclate, tous les problèmes se ramènent à des rapports de force et il s’agit seulement d’être le plus fort. On peut donc être pacifiste sans renoncer à défendre son pays, mais en sachant bien que défendre son pays est autre chose que défendre le droit.

9°) Dans la guerre, tous les citoyens d’une nation doivent être solidaires, comme en présence d’une catastrophe naturelle. Le pacifisme n’implique pas le refus d’obéissance.

10°) En cas de défaite militaire, le peuple vaincu n’a aucun devoir envers le vainqueur et peut essayer de continuer à opposer, par d’autres moyens, la force à la force.

Ces propositions peuvent évidemment être contestées, en tout ou en partie. Elles n’en forment pas moins un ensemble cohérent qui définit à peu près le pacifisme d’Alain.

Il n’est pas inutile de rassembler ici quelques textes assez peu connus, même si certains ont paru dans des numéros antérieurs du Bulletin.

D’autre part, nos lecteurs seront peut-être intéressés par le rappel d’un débat sur le pacifisme, dans les Libres Propos de 1932 et 1933, entre Challaye, Ruyssen, Aron et Canguilhem, débat qui montre bien que le mot « pacifisme » peut être pris en des sens assez divers [Félicien Challaye, 1875-1967, professeur de philosophie, spécialiste de Extrême-Orient, était aussi l’auteur de manuels connus.— Théodore Ruyssen, 1868-1967, fut reçu premier à l’École Normale la même année qu’Alain, et premier à l’agrégation en 1892 quand Alain était troisième (ce n’est pourtant pas à cet austère protestant qu’ Alain pense quand il écrit plaisamment dans son Journal du 2 août 1940 : « Un jour aussi j’ai entrevu que le Juif universitaire abusait de ses vertus propres, en ce sens qu’il travaillait pour son examen, et y était infailliblement reçu avant moi »). Philosophe proche du pragmatisme, auteur d’un ouvrage remarquable sur Kant, il occupa longtemps un poste à la Société des Nations et fut le fondateur de l’Association et de la revue « La paix par le droit ».— Raymond Aron, 1905-1983, et Georges Canguilhem, 1904-1995, que nos lecteurs connaissent bien, avaient été les élèves d’Alain dans les débuts des années 20.

Georges Pascal

 

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