Propos sur l'économie
Introduction : La pensée économique d’Alain a été originale à une époque où « les affaires » ne semblent guère dignes de l’attention d’un philosophe. L’approche d’Alain a parfois été mal jugée, car il se montre sceptique sur la grande entreprise industrielle, l’emballement de l’innovation, du marketing et de la vente à grande échelle. Il plaide pour une économie sociale de marché respectueuse des droits des travailleurs, pour l’utilisation du crédit à des fins d’investissements, tout en critiquant les secteurs somptuaires de la production où il ne voit qu’un gaspillage des forces de travail. Le renouveau de l’intérêt pour l’environnement, abîmée par des pratiques économiques, la légitimation du marché, la sensibilité au thème de l’entrepreneur remplaçant l’admiration pour les capitaines d’industrie, nous rendent plus aisément familières les thèses d’Alain, qui sont loin d’être dépourvues d’intérêt. (TL)
La fée électricité
La science dompte la nature et la met au service de l’homme ; voilà un thème pour des variations emphatiques et souvent niaises ; et c’est ici qu’il faut faire attention à ce qu’on dit. Il y a dans la nature des réserves d’énergie inépuisables qui dérivent du mouvement de
Produire
Les chevaux ont une sorte de courage ; quand ils sentent que la boue prend le tombereau, ils se jettent en avant ; le spectateur voit alors ce que c’est qu’un paquet de muscles ; il peut comprendre, en partant de là, tout l’emportement et toutes les passions. Cependant le
Le travail humain
L’arbre à pain, cette merveille de mes livres d’enfant, l’arbre à pain n’est pas de chez nous. Il y a sans doute des climats où la nature porte presque à notre bouche des fruits sucrés, et qui viennent sans culture. Toutefois l’alliance que nous nommons Pâques, et que les cloches
Produire n’est pas une fin
Le syndicalisme ouvrier est radical, et ne s’en doute pas. Cela me fait comprendre que les formes politiques ne dépendent pas beaucoup des doctrines abstraites. Tout se fait selon une autre logique. Les ouvriers sentent la main du maître, et n’aiment pas cela. Ils s’unissent contre la métaphysique du cuivre
La vitesse est une arme de guerre
La vitesse est une arme de guerre. Les courses de vitesse la font paraître en son vrai jour. Le plus rapide est vainqueur par convention, comme il le serait selon la nature toutes les fois qu’il s’agit de se saisir d’une chose désirée, et en somme de l’enlever avant que
Vitesse
J’ai vu une des nouvelles locomotives de l’Ouest, plus longue encore, plus haute, plus simple que les autres ; les rouages en sont finis comme ceux d’une montre ; cela roule presque sans bruit ; on sent que tous les efforts y sont utiles et tendent tous à une même fin ; la vapeur
La vitesse est une dépense
La vitesse n’est pas un produit, mais bien plutôt une dépense ; ou, en d’autres termes, la vitesse coûte plus qu’elle ne rapporte. Chacun a remarqué la lenteur des maçons, et aussi de leurs machines ; une grosse pierre qui monte fait à peu près un mètre à la minute, comme au
L’équipe invisible
J’ai vu hier qu’un grave journaliste évoquait l’équipe invisible. Marquez ce temps-ci; nous allons voir quelque chose de neuf. Le prodigue aperçoit le fond de sa bourse; il fait ses comptes; il va mettre en train le Grand Livre où tous les travaux seront en regard de tous les produits.
Trains de montagne
On est effrayé lorsque l’on réfléchit à ce que nous dépensons en chemins de fer de montagne et en hôtels à touristes, c’est-à-dire seulement pour le plaisir. Chaque jour un poids énorme de gens et de bagages est élevé et redescendu ; et pour quel prix démesuré ! Je ne